Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/220

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est à l’atelier ; si mademoiselle veut, j’irai le chercher.

Marcelle répondit tranquillement :

— Inutile de le déranger. Il m’attend pour une leçon. C’est moi qui vais monter.

La domestique ne s’étonna point, et se retirant, lui laissa gravir l’escalier jusqu’à cet atelier mystérieux où personne encore, sauf les modèles d’Houchemagne, n’avait pénétré. Marcelle allait à petits pas légers et ne s’arrêta qu’à la porte.

C’était une porte à moulures grises, assez étroite ; Marcelle ferma les yeux, eut une lente aspiration, et très doucement, sans frapper, tourna le bouton.

L’atelier d’Houchemagne, du peintre fameux dans les deux continents, du génie le plus incontesté de l’heure, lui apparaissait, et elle eut une commotion de surprise : il était semblable à un vaste hangar aux murs blancs, sans un ornement, sans un bibelot, sans une tenture. Seules, quelques chaises de paille le meublaient, avec un pauvre poêle de faïence blanche et un pupitre de hêtre pour les cartons. Face au vitrage voilé de calicot, se dressait l’immense toile commencée où la composition s’accusait déjà en traits de fusain, et là-bas, au fond, devant un léger chevalet, Nicolas Houchemagne, debout, travaillait à son étude du Christ. Marcelle avait ouvert la porte si doucement qu’il ne s’était aperçu de rien. Elle demeura quelques secondes haletante, puis son désir