Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’emporta, un cri lui jaillit des entrailles : « Nicolas ! » et elle courut à lui.

Il se retourna et la vit traverser l’atelier, si nouvelle, si transformée qu’il la reconnut à peine. Puis elle s’arrêta devant lui sans une parole, le regardant.

Alors lui, qui depuis une semaine, dans le secret de sa conscience scrupuleuse, repoussait d’instinct l’image obsédante de cette petite fille, trouvant insolite et inquiétant l’intérêt qu’il prenait à sa personne, sentit le trouble qu’elle lui causait se préciser soudainement. Ce fut une illumination. Depuis un temps indéterminé, depuis surtout ce soir où ils s’étaient promenés ensemble sous les platanes du quai Malaquais, elle était entrée en lui, il la portait vivante. Il s’efforça de se maîtriser pour lui demander sévèrement :

— Que voulez-vous, Marcelle ?

Elle leva sur lui un regard si misérable, si suppliant, que tout le sang-froid de Nicolas l’abandonna. Il lui prit les mains, l’attira vers lui, disant avec douceur :

— Vous avez peur que je vous gronde, petite Marcelle, pour avoir violé la consigne et forcé ma porte ; vous tremblez ; mais je ne vous gronderai pas. C’est moi qui étais bien sot de vous refuser ce plaisir. Vous avez bien fait de venir. Ne craignez plus ; je ne suis pas si méchant ; je vous montrerai tout ici.

Elle répliqua, la gorge serrée :