Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/223

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mourir ; mais vous êtes la santé même. Mourir ! vous voudriez mourir ?

Elle ne répondit pas de tout un instant, accablée. Il souffrait de sa souffrance. De nouveau, il lui prit les mains et les caressa dans un trouble extrême. Alors elle se mit debout, et avec un soupir déchirant, les yeux dans ses yeux :

— Vous ne me comprenez pas ?… non ?…

— Ah ! Marcelle ! dit Nicolas en se détournant, que va-t-il arriver de nous ?

Elle s’abattit dans ses bras en sanglotant, et ils s’enlacèrent en pleurant ensemble. Ce fut Houchemagne qui se reprit le premier et la repoussa.

— Nous ne pouvons pas nous aimer, Marcelle, ce serait abominable ; je ne suis pas libre, moi ; pensez à Jeanne. N’attendons pas que ce sentiment mauvais nous envahisse ; il est temps encore de réagir.

— Réagir ! fit-elle, en se redressant. Réagir ! mais votre amour c’est ma vie ! Cesser de vous aimer, Nicolas ? Mais vous ne voyez donc pas ce qui se passe en moi ? Je ne suis plus rien qu’une chose qui vous aime.

Il tomba à genoux devant elle en se bouchant les yeux et les oreilles.

— Ayez pitié de moi, taisez-vous, ne voyez-vous pas que moi aussi, moi aussi… Et je ne peux pas, pourtant, je ne veux pas !

Marcelle prononça :

— C’est pour cela que je veux mourir.