Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/23

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chambre. Elle s’approcha du fauteuil où s’était campée la petite fille et lui parla bas.

— Cours vite, ma petite Marcelle, raconte tout à cette bonne madame Dodelaud ; dis-lui qu’elle me rendrait bien service en m’envoyant Mariette…

Mais la fillette impassible déclara :

— Non, ça m’ennuie.

— Il le faut, je t’assure, Marcelle ; c’est très important. Tu me tirerais d’embarras. Puis madame Dodelaud t’aime tant ! Elle te promènera dans son magasin ; tu verras les saintes vierges en bois, les commodes avec leurs bêtes de cuivre, et les robes d’argent des dames d’autrefois. Tu diras aux Dodelaud que, s’ils peuvent se passer de Mariette tout de suite, elle mettrait le couvert ; même ils pourraient me faire apporter une boîte d’argenterie.

— Non, je n’irai pas.

Comme une idole inexorable, elle était nichée au fond de son fauteuil ; elle ne faisait aucun éclat, aucun geste. Sa petite face têtue bougeait à peine dans son mouvement obstiné de refus.

— Dis pourquoi, au moins !

— C’est pas la peine, puisque je ne veux pas y aller.

Jenny Fontœuvre, exaspérée, se redressa, vaincue.

— Je ne peux pourtant pas la fouetter comme on le faisait autrefois ! murmura-t-elle entre ses dents.