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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/230

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ment. Mais Marcelle était venue, enfantine et passionnée, l’abreuver, d’un coup, du plus impétueux amour. Ah ! qu’il était pâle et insipide aujourd’hui, l’amour angélique de l’inspiratrice ! Et encore c’était elle qui refusait de le sauver, qui le rejetait à l’autre.

— Soit, fit-il, je reste.

Le lendemain, bien que Marcelle et Nicolas ne se fussent donné aucun rendez-vous, il sortit de bonne heure pour la rencontrer dans la rue. À huit heures et demie, il la vit déboucher de la porte cochère, longer la vitrine des Dodelaud, sourire en l’apercevant. Ah ! que ce sourire lui fut délicieux ! Il y retrouvait tout le goût de son amour et la fraîcheur de fleur de son enfantine maîtresse. Était-ce donc vrai qu’à trente-six ans, en pleine maturité, il était aimé de cette adolescente ?

Leurs mains s’étreignirent ; ils ne se dirent. rien et marchèrent côte à côte jusqu’à l’entrée des Beaux-Arts. Arrivés là, Marcelle demanda seulement :

-Allons jusqu’à la porte de la rue Bonaparte.

Ils tournèrent le coin du quai, s’engagèrent dans l’étroite rue. Bientôt les grilles de l’École apparurent avec sa cour profonde, ses fragments d’architecture délicate, ses portiques parmi la verdure. Mais là Nicolas, retenant Marcelle, dit à son tour :

— Viens, Jeanne est partie, nous serons seuls.