Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/237

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nécessaires ! François gagnait maintenant cinq louis par mois chez un architecte ami de son père. Mais, au printemps, il avait saigné ses parents pour offrir à la comtesse Oliviera un voyage en Suisse qu’elle s’était butée à obtenir de lui. Il lui restait attaché par faiblesse, par veulerie, suivant ses caprices avec une sorte d’écœurement. Et la vieille Juliette Angeloup, qui se complaisait à cette fade idylle, disait avec délice à Jenny Fontœuvre, lorsque sa fille avait entraîné le malheureux garçon dans quelque extravagance :

— Eh bien ! voilà que les enfants ont encore fait des folies.

Jenny souriait, par complaisance. Cette maîtresse détraquée ne lui convenait guère pour son fils, d’autant moins qu’elle ne lui trouvait ni esprit ni cœur. Mais c’était ainsi. Qu’y faire ?

Hélène arriva de Saintes le lendemain, les paupières encore rougies d’avoir quitté la chère grand’mère. C’était une belle grande fille aux yeux noirs qui ressemblait à son père. Marcelle et sa mère trouvèrent qu’elle avait extrêmement bonne mine, mais que sa toilette datait un peu. Elle portait une de ces robes provinciales si bien cousues qu’on ne peut ni les déformer, ni les user, et qu’il faut bien mettre deux années de suite, tant elles gardent bonne façon. Sa fraîcheur faisait ressortir la pâleur parisienne de la maigriote Marcelle.