Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/238

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— Tu es bachelière, toi, lui dit François, tu as de la veine.

— C’est bien, cela, ma petite Hélène, ajouta Pierre Fontœuvre, d’être une femme savante et d’avoir gardé ta simplicité de jeune fille.

— La belle affaire aujourd’hui d’être bachelière ! reprit Hélène avec un bon rire.

Elle devait occuper l’étroit cabinet où couchait madame Trousseline lors de ses voyages à Paris. Elle passa tout un jour à y ranger, avec tant d’ordre, ses bibelots et ses livres, qu’elle trouva de la place pour tout et qu’on aurait dit une véritable chambre. Ce qui ravissait les parents, c’était cette aisance avec laquelle on la voyait passer des occupations féminines les plus vulgaires aux soucis de sa carrière. Elle faisait l’étonnement de Pierre Fontœuvre lorsqu’elle expliquait son plan : trouver, son stage une fois fait, un emploi dans une grande pharmacie parisienne, et y continuer ses études tout en gagnant sa vie, ce qui serait un tour de force, étant donné la fréquence des cours, mais ne l’effrayait pas. Puis bientôt elle quittait la causerie familiale pour aller retrouver Brigitte. Elle tenait de madame Trousseline une foule de vieilles recettes culinaires, des secrets de province pour conserver les fruits, fabriquer des liqueurs, et confectionner mille bonnes choses. Quand la blanchisseuse rapporta le linge, elle entreprit de le visiter.

Le premier jour, les deux sœurs s’observèrent