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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/248

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exaspéré, à un tel point, qu’il était sans force pour lutter davantage et qu’il s’achemina vers le quai Malaquais. Les Fontœuvre sortaient de table quand ils le virent arriver. On remarqua sa mine défaite. Il s’en expliqua sur une migraine. Et Marcelle était rigide, illisible. Il vint à elle en dernier ; ils se serrèrent la main en silence. Ils ne savaient s’ils souffraient ou s’ils goûtaient leur plus grande joie possible. On s’occupa beaucoup d’Hélène. La chère petite était servie par une chance miraculeuse. Un vieux pharmacien de la rue du Bac, charmé par son intelligence, ses idées originales de femme nouvelle et son petit air grave, l’acceptait pour le temps de son stage et promettait de la garder comme élève, son année finie, si elle répondait à ce qu’il augurait de sa mine. Pierre Fontœuvre ne tarissait pas sur cette histoire qu’Houchemagne dut entendre dans tous ses détails. Hèlène riait comme une grande enfant, se voyait déjà pesant des poisons, roulant des pilules, pilant des poudres, collant des cachets. Pendant ce temps, Nicolas et Marcelle étaient enfin l’un près de l’autre et se recueillaient dans leur bonheur. Parfois leurs regards se croisaient en silence. Ils ne purent rien se dire de toute la soirée, et cependant telle était la véhémence et l’expression de leur désir en leur regard, que ni l’un ni l’autre n’eut un doute sur l’engagement muet qu’ils prirent en se quittant. Et en effet, le lendemain, à l’heure où, à l’atelier