Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/249

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des femmes, Seldermeyer arrivait pour la leçon, au fond des chambres blanches, là-bas, derrière le Panthéon, Nicolas et Marcelle, — toute résolution, toute promesse oubliées, — étaient aux bras l’un de l’autre.

À la fin de cette nouvelle journée de faiblesse qui lui avait laissé comme une épouvante de sa lâcheté, Houchemagne était venu s’enfermer de nouveau dans son atelier. Un dernier espoir lui restait encore ; c’était que la fièvre passionnelle, l’intensité de vie qu’il avait goûtée aujourd’hui, exaltat son talent. Tous les grands artistes, ne les a-t-on pas dits soulevés par l’enthousiasme de la femme ? Tous n’ont-ils point passé pour de grands voluptueux ? Alors lui, Houchemagne, allait se surpasser, aujourd’hui que, dans son sang, dans ses membres, il sentait encore couler comme la vie de Marcelle.

Et il avait roulé l’échelle devant sa toile pour commencer, sur-le-champ, à mettre de la couleur. Tout de suite son élan avait été au petit garçon de l’Évangile, et, la palette à la main, il s’arrêta devant lui, croyant entendre encore la voix de Jeanne lisant le texte :

« Il y a ici un enfant qui a cinq pains d’orge et deux poissons. »

Il en avait fait, d’après nature, une très solide étude ; en le transposant sur la toile, il l’avait encore embelli. Ah ! que c’eût été bon de peindre comme autrefois, avec une paix naïve qui le