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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/258

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— Mettons-nous toujours à table, dit Hélène, Marcelle prendra le repas où il en sera.

Tous se laissaient un peu guider par cette raisonnable Hélène qui en eût remontré à chacun d’eux pour le sens pratique et l’équilibre. On la suivit dans la salle à manger. Brigitte servit.

— Madame la soupe sera froide, n’est-ce pas ? interrogea François.

Chacun gardait ses préoccupations. Fontœuvre voyait ses panthères, Jenny, son dessus de porte, Hélène, l’ordonnance dont elle s’inquiétait, avec ses formules et ses hiéroglyphes, François, sa fade et impérieuse maîtresse qui l’exigeait dès huit heures du soir. On apportait les légumes lorsque Marcelle entra. Son visage toujours fermé, presque hiératique, avait pris ce soir une animation extraordinaire, elle était toute rose et le feu de ses prunelles disait son agitation.

— Je reviens de chez Nelly Darche, fit-elle d’un ton bref en dépliant sa serviette.

Le silence continua. Fontœuvre souriait, de souvenir, aux jeux de ses petits fauves. Hélène pensait au mortier oublié sous la table des manipulations, au laboratoire. François avait de lourds soucis d’argent, et redoutait, pour ce soir, les plaintes de son amie. Enfin, la mère demanda :

— Quoi de neuf chez Darche ?

— Quoi de neuf ? répéta Marcelle d’une voix courroucée et qui tremblait, eh bien ! j’y ai encore trouvé Vaupalier, chez Darche, et tu