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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/265

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sa douceur, en sa délicatesse, et elle souriait encore plus qu’autrefois à ses jeunes cousines, à Jenny dont elle s’inquiétait davantage, lui demandant sans cesse si elle n’avait pas besoin d’argent.

— Pardonne-moi si je n’ai pas toujours été assez attentive à tes soucis, lui disait-elle. Je suis éternellement dans les nuages, mais il ne faut pas me priver pour cela du plaisir d’être avec toi tout à fait fraternelle. Des besoins, Nicolas et moi nous en avons si peu ! Donne-moi l’illusion que tes filles sont mes enfants.

— Eh bien, répondait la petite Fontœuvre, puisque ton mari n’a jamais fait ton portrait, je te le ferai, moi, avec mes petits moyens, quand il me faudra beaucoup de sous.

Alors Jeanne, qui avait toujours été si secrète pour tout ce qui concernait le travail d’Houchemagne, se laissait aller aujourd’hui à répliquer, comme si elle y trouvait un délice :

— Nicolas n’a jamais fait mon portrait, c’est vrai ; mais combien de fois ai-je posé devant lui, si tu savais !

On disait d’elle :

— Comme cousine Jeanne a changé depuis la mort de son père !

Elle endurait un martyre. Nicolas ne l’aimait plus. Il le lui avait dit avec brutalité, le soir de son retour, et elle avait alors subi le coup stoïquement, sans larmes, sans scène, sans une question, respectueuse seulement de la crise inexpli-