Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/266

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cable dont elle voyait souffrir son idole. Et c’était seulement au bout de deux jours que, trouvant son mari plus calme et plongé dans une sorte de coma douloureux, elle lui avait demandé :

— Qu’as-tu donc ?

— Je ne sais pas, avait répondu Nicolas ; j’ai le cœur et le cerveau malades. Tu en es témoin, je ne peux plus rien faire. Ma palette est brisée ; je ne peindrai plus.

— Tu ne peindras plus ! cria Jeanne.

— Laisse-moi. Ne te fais pas de chagrin. Il faut subir la fatalité. Aie seulement pitié de moi comme d’un malade. Tu es une femme admirable ; tu peux tout supporter. Tu me supporteras moi-même, comme un frère blessé.

— Mais qu’est-il arrivé ? suppliait Jeanne en se tordant les mains, que s’est-il passé ? Je ne t’ai fait nulle peine ; qui t’a transformé ?

— Je ne sais pas, répétait-il obstinément. Ne te fais pas de chagrin.

« Ne te fais pas de chagrin. » C’était la phrase qu’il avait toujours aux lèvres maintenant. Et la pauvre femme, y voyant encore un reste de sollicitude, arrivait à s’en contenter, à y trouver une consolation aux rebuffades qu’elle endurait sans cesse de Nicolas irritable et nerveux.

Elle voulut lui amener un médecin célèbre. Il refusa de le recevoir. Elle lui proposa de voyager. Il entra dans une colère effrayante. Alors elle dit à Marcelle :