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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/279

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la pierre jaunâtre, aux murailles rongées, leur barrait la route ; mais la rue s’y creusait une voûte et passait sous l’édifice avec sa chaussée boueuse, ses ruisseaux noirs. Le cintre de cette voûte encadrait alors la vision d’une rue de village ancien, avec ses maisons à poutrelles. Nicolas désigna l’une d’elles, dont on voyait d’ici le grenier à foin avec sa poulie, et dit :

— C’est là que je suis né.

Marcelle gardait le silence.

En arrivant, Nicolas poussa la grande porte charretière. La cour apparut avec son fumier, ses poules. À gauche, il y avait d’abord la charreterie et l’écurie, surmontées du grenier à foin qui se voyait de la rue, puis la petite maison d’habitation faisait suite. Un grand vieillard se montra sur le seuil de la porte. Il avait des galoches, un tricot de laine bleu, et à la main une poignée d’oignons. En apercevant Nicolas, il cria simplement :

— Ah ! te voilà.

Et il dévisagea Marcelle en fronçant les broussailles de ses sourcils.

Nicolas l’embrassa en lui demandant :

— Tu ne reconnais pas Marcelle Fontœuvre, la petite cousine de Jeanne, que tu as vue chez moi tout enfant ?

— Ah ! bon ! fit le vieux, je me disais aussi…

— Je lui donne des leçons de peinture, continua Nicolas, et aujourd’hui nous sommes venus te demander à déjeuner.