Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/280

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— Ça tombe bien, répliqua le père Houchemagne tout épanoui. Comme c’est là, j’ai tué un lapin ce matin ; le voici qui cuit dans la casserole avec une sauce au vin.

— Votre cuisine sent bon, monsieur Houchemagne, dit Marcelle.

Elle surprenait Nicolas. Lui qui ne l’avait pas conduite ici sans appréhension, redoutant son mépris de petite bourgeoise, ses moqueries même, la voyait empressée autour du bonhomme, se proposant pour l’aider aux soins du ménage. Elle avait ôté son chapeau et ses gants ; déjà elle disposait, sur la toile cirée brune ornée d’une carte de géographie, une pile d’assiettes prise au buffet. Et il s’attendrissait ; car il savait bien comme chez sa mère elle répugnait à tous ces travaux, refusant même d’alléger le service de la pauvre vieille Brigitte. C’était pour lui qu’elle s’y abaissait aujourd’hui, c’était pour lui qu’elle devenait bonne ; cette transformation qui en faisait une créature nouvelle, c’était une opération de l’amour dans cette âme…

— Mademoiselle n’est pas fière, cela se voit bien, disait le vieux paysan.

Et, bas à son fils :

— Eh bien ! tu as hérité ? C’est-il bon ce qu’a laissé ton beau-père ?

Et ses yeux se plissaient ; ses joues rasées où le poil gris, dru et raide, affleurait, avaient de petits frémissements de curiosité, et il contemplait avec