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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/281

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un contentement surabondant ce fils supérieur que favorisaient toutes les prospérités.

Nicolas souriait tristement. Était-ce donc vrai qu’il fût né de cet être rustique qui ne connaissait rien, qui ne pouvait rien connaître de son âme véritable ? Combien de générations semblaient l’en séparer ! Cependant, il sentait impérieusement cette paternité bienfaisante, il comprenait toute sa dette envers ce pauvre homme dont le dévouement l’avait donné à l’art, et dans son trouble d’aujourd’hui, volontiers il se serait jeté contre cette poitrine de vieux paysan probe, pour y oublier le poison de sa vie. Mais afin de donner une joie de plus au vieillard, il répondit :

— Oui, père, ma femme a maintenant une belle propriété.

Et la terre vaut-elle là-bas autant que chez nous ?

— Non, père, mais dans ce bien-là, il se trouve un des plus admirables châteaux de France.

— Diable ! fit le père Houchemagne avec un petit rire satisfait.

Et plus porté encore à la vanité qu’au lucre, en ce qui concernait son enfant, élevé déjà d’un échelon au-dessus des autres rustres par le fait de sa paternité glorieuse, il caressait ce fils d’un regard ineffable, qui pénétrait celui-ci jusqu’à l’âme, et il disait :

— Hein ! mon Nicolas, tout de même ! À peine si tu aurais besoin de travailler maintenant !