Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/289

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Il répondit :

— Ah ! ton amour, je le connais, Marcelle.

— Non, tu ne le connais pas, parce qu’il est tous les jours plus fort. Il est aujourd’hui ce qu’il n’était pas encore hier. Et moi aussi, je suis aujourd’hui ce que je n’étais pas hier, parce que ton âme chérie s’impose à la mienne, elle m’impose sa beauté, sa noblesse. Elle habite une région que j’ignorais, mais où tu me fais entrer avec toi. Tu dis que nous avons fait le mal. Je le crois puisque tu le dis. Surtout, tu en souffres ; je ne veux plus que tu souffres. Alors, devines-tu ce que je te propose ?…

— Quoi donc ? demanda-t-il angoissé.

Elle répondit de son air impassible :

— Nous séparer…

D’un bond il fut debout. Il cria :

— Marcelle !

Ce fut un rugissement sorti du fond de son être. Et d’un geste d’instinct animal, comme pour l’emporter dans le noir d’une caverne, il saisit sa maîtresse et, la soulevant à demi, la traîna plus loin encore dans la carrière, là où les racines des végétations se suspendaient comme des lianes, devant une excavation.

— Je ne veux pas, je ne veux pas te perdre ! répétait-il de toutes ses forces.

— Tais-toi, lui dit-elle en se dégageant, les paysans vont venir.

Elle l’apaisa par quelques baisers, puis reprit :