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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/292

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Ils se prirent d’abord les mains silencieusement ; puis leurs mains, convulsivement, gagnèrent les coudes, puis les épaules ; leurs poitrines se touchèrent, et Nicolas sentit Marcelle, tout à coup, sans force contre la sienne. Il espéra qu’elle allait peut être mourir. Et comme repris par l’immense instinct de l’amour il la serrait brutalement contre lui, il l’entendit lui murmurer tendrement :

— N’aie pas peur, Nicolas, je sais ce que tu as redouté… mais je serai toujours telle que tu me vois aujourd’hui je n’étais que pour toi.

Et ce fut elle qui se dégagea.

Ils étaient rassérénés par l’excès même de leur accablement et de leur douleur. Ils revinrent lentement s’asseoir sur la pierre. Devant eux, au-dessus des bois de Verneuil, de l’autre côté de la Seine, le soleil descendait dans le grand nuage horizontal de brume, et à leurs pieds, le fleuve nacré semblait élargi. Par places, à des lieues de distance, on voyait brûler des herbes ; et du brasier s’échappaient des fumées qui s’effilaient en longues traînées dans la campagne.

Ce fut encore Marcelle qui prononça :

— Voici la nuit, il faut descendre à la gare.

Il se leva docilement et la suivit.