Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/295

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tion de la lumière dans la chambre. La mère approcha la lampe du visage illisible.

— Quelle imprudence de te fatiguer ainsi ! Tu n’iras plus te promener avec Houchemagne ; je m’y oppose. Ma pauvre chérie, tu as l’air exténuée.

— Je le suis aussi, dit Marcelle avec effort.

— Pourquoi ne dors-tu pas ?

— Je ne peux pas. Je voudrais dormir, oh ! je voudrais…

— Ferme tes yeux, va, le sommeil va venir ; ce n’est pas long à ton âge !

Hélène, bonne ménagère, employait de son mieux sa soirée aux travaux de lingerie qu’elle avait entrepris. Par moments, l’envie lui venait d’aller suprendre Marcelle, de lui arracher des confidences. Elle s’en défendait par dignité. À minuit, elle cousait encore. Le bruit de l’heure la fit sursauter ; sa rêverie plutôt que son application, lui avait laissé oublier le temps. Elle commença à se déshabiller avec précaution, songeant qu’une simple cloison la séparait de sa sœur ; elle marchait sur ses pointes, quand soudain, des pieds à la nuque, elle frissonna d’avoir entendu la plainte terrifiante, le soupir douloureux, le soupir d’agonie qui venait de la chambre de Marcelle. Les sentiments de sévérité qu’elle nourrissait depuis le matin cédèrent vite à son horrible émotion toute blême et tremblante, elle écouta quelques secondes, et rien ne l’eût alors retenue