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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/296

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de courir à Marcelle. Le temps d’ouvrir deux portes, et elle fut en présence de sa sœur.

Marcelle semblait n’avoir pas fait un mouvement depuis qu’elle était au lit ; pas un pli des couvertures n’était dérangé ; mais ses bras se croisaient maintenant sur sa poitrine, et son visage tuméfié ruisselait de larmes. La même faiblesse qui lui avait laissé échapper tout à l’heure ce cri de détresse, l’empêcha de dérober sa douleur à Hélène ; elle eut en la voyant deux ou trois sanglots, et elle la regardait d’un regard inexpressif. Puis aussi l’habitude déjà profonde qu’elle avait aujourd’hui des caresses d’un autre être, lui rendait plus difficile son stoïcisme ancien, cette opiniâtreté qu’elle avait montrée, tout enfant, à souffrir sans consolation, à taire aux siens toutes ses peines. Quand Hélène affectueusement lui demanda ce qu’elle avait, elle ne fit rien pour repousser cette tendresse ; elle répondit seulement :

— Tu ne peux pas savoir, ma pauvre Hélène…

— Ah ! s’écria en la couvrant de baisers, la douce Hélène vaincue, je n’ignore plus rien, Marcelle ! tu t’en doutes bien, et je n’ai plus qu’à te plaindre. Ta douleur paraît si grande !…

— Tu savais que j’appartenais à Nicolas ?

— Oui, je le savais ; ou plutôt je m’en doutais ; et ce matin, quand je vous ai vus vous regarder. j’ai compris tout… Quelle révolte j’ai eue contre lui, contre toi !…