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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/297

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Marcelle ferma les yeux, ses traits se détendirent, elle eut un sourire de béatitude.

— Il ne fallait pas regretter ; nous étions si heureux ! C’est si bon de s’aimer ! Oh ! comme nous nous sommes aimés, Hélène !

Hélène, effrayée de sa propre indulgence, l’écoutait, troublée.

— Et maintenant, continua Marcelle, c’est fini ; nous avons juré de nous séparer, nous ne nous reverrons plus.

Hélène eut un sursaut de bonheur. Comment ! il n’était plus question de péché ? Sa sœur et l’artiste ne restaient donc plus liés que par une sorte d’amour mystique, d’autant plus pur qu’il était plus douloureux, sanctifié par le sacrifice ? Elle pouvait donc, sans scrupule, s’intéresser maintenant à la troublante idylle ? Elle prit la main de Marcelle,

— Vous avez enfin compris votre faute, n’est-ce pas ?

— Notre faute ? Notre faute ? Quelle était notre faute ? Moi, je n’ai jamais su : mais Nicolas était ravagé par un remords insupportable. Je voyais qu’il souffrait. Je n’ai pas voulu être cause d’une si grande douleur ; je l’aimais trop ; j’ai préféré renoncer à lui. C’est fini maintenant. Mais moi, je mourrai…, je l’espère du moins…

Et comme Hélène se penchait tendrement vers elle, Marcelle lui crispa ses mains aux épaules :