Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/298

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— Comment veux-tu que je vive sans lui ? Tu ne sais pas, toi, tu ne peux pas savoir…

— Ma pauvre Marcelle, calme-toi. J’essayerai de te consoler, je t’aimerai bien, ma petite Marcelle. Quand je suis revenue ici, j’avais pour toi une grosse provision de tendresse ; tu n’en as pas voulu. Tu es froide, peu démonstrative, j’ai pensé que tu n’avais que faire de mon affection. Je me suis tue. Mais aujourd’hui, Marcelle, puisque je sais ton secret et que je ne te gronde pas, car, tu vois, je n’ai pas un blâme pour ta conduite, fais-moi confiance, laisse-toi aimer, ma petite sœur, mon chéri…

Et la bonne Hélène pleurait aussi, en serrant contre sa poitrine la fine tête de Marcelle dont elle baisait les cheveux. Marcelle se laissait faire, passivement. De temps en temps, elle répétait cette phrase qui exprimait un peu de sa souffrance :

— Ah ! c’était si bon de s’aimer !

Quand elles se séparèrent à l’aube, Hélène toute frissonnante, revint à son lit, désespérée de s’être heurtée une nuit entière à cette morne douleur d’amante.

La nuit de Nicolas avait été aussi tragique dans la solitude de sa chambre. Et ce fut au matin de cette nuit où il n’avait pas connu même une heure de sommeil, que brisé et se sentant vraiment le cadavre insensible qu’il s’était vanté d’être la veille, il revint à sa femme pour se