Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/31

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cière avec son embonpoint, sa taille courte et ses cheveux en brosse, drus, secs, hérissés sous un chapeau d’amazone. Et elle avait des gestes onctueux pour délier les ficelles ; elle sortait du papier une poupée mécanique, une automobile véritable :

— Voilà pour la petite, et voilà pour le petit. François, le garçonnet mièvre et blanc qui portait encore, six mois auparavant, ses boucles flottantes, caressait la machine de ses doigts effilés. Marcelle, brutale, avait empaumé la poupée, et sa grande sœur Hélène, très sage, très sérieuse pour ses dix ans, lui faisait des remontrances. Alors Jenny Fontœuvre remercia ; c’était trop, ils étaient comblés ! D’un mot la vieille femme la fit taire. Une idée vint à Jenny Fontœuvre : retenir à dîner mademoiselle Angeloup avec Addeghem. On parlait d’une liaison qu’ils auraient eue jadis. Ce n’était pas exact. À la vérité, elle en avait eu bien d’autres ; cette laideur avait été aimée pour sa bonté, pour son esprit, et pour quelque chose d’indéfini et d’excessivement charmeur qui attirait toujours la sympathie, quelquefois l’amour. Et tout le monde la savait la mère de la jeune comtesse Oliviera, qui n’avait pas vingt-cinq ans.

— Ah ! certes oui, que j’accepte ! s’écria-t-elle lorsque Jenny Fontœuvre eut formulé son invitation. Dîner avec vous, mes enfants, passer en famille ma soirée de premier de l’an, au lieu d’aller moisir toute seule dans mon trou, puis-je