Aller au contenu

Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étendu sur le divan turc, près des colonnes du Parthénon, cherchait la définition de la grâce, applicable au genre animalier. Debout devant lui, Fontœuvre détaillait tous les gestes des animaux étudiés aux haras, aux abattoirs, au Jardin des Plantes ; il en soulignait les caractères, la souplesse, l’élégance, la sobriété. Il était tour à tour tigre, poulain, taureau, zèbre ou gazelle.

À l’autre bout de l’atelier, Jenny avait modèle. Elle aussi travaillait ferme pour achever à temps son dernier tableau d’après ce beau gars que Nelly Darche lui avait indiqué. Il lui avait servi pour son Faune du dernier Salon. Jenny en tirerait un très intéressant Berger endormi. Les œuvres de la femme, accompagnées de quelques panneaux décoratifs, compléteraient chez Vaugon-Denis l’exposition du mari. Et Addeghem comptait exploiter, dans sa notice, cette charmante association conjugale dans l’art, qui serait un attrait pour le public.

Entre temps, il fallait courir rue Laffitte où les toiles étaient déjà portées, pour déterminer l’agencement. Seul Fontœuvre pouvait en décider. Il y a des lois de goût qu’on ne saurait enfreindre, et un animalier n’admettrait pas certains voisinages, qu’une vache, par exemple, allât de pair avec une biche.

Le ménage pressentait une prochaine prospérité. Certes, le prix des toiles vendues couvrirait les dettes contractées près de cousine Jeanne, et bien