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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/319

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chaque minute renouvelée, dès que lui revenait cette idée : Nicolas m’a abandonnée.

Il avait consenti à la perdre parce qu’il avait honte de leur amour. Mais avait-il honte quand il la soulevait dans ses bras d’une chambre à l’autre, qu’il la caressait comme un petit enfant ? Elle était sûre de son amour, de l’amour le plus absolu, le plus magnifique. Comment avait-il cédé à ce qu’elle proposait par générosité ? Il était si bon, il n’aurait pas dû. Si elle ne mourait pas bientôt, comment ferait-elle pour vivre ainsi ?

Son unique joie était le retour d’Hélène le soir. Que ces baisers de sœur lui paraissaient tristes, pourtant, en lui rappelant ceux dont elle était pour toujours sevrée ! Mais la pauvre Hélène était compatissante et tendre ; elle laissait la cadette revenir interminablement à son péché ; et Marcelle se satisfaisait enfin à parler de Nicolas. Hélène pouvait maintenant entrevoir les remords de l’artiste, les propos de son amour, et jusqu’à la direction morale que, du fond même de l’abîme, il essayait d’inculquer à Marcelle.

Un soir, le désir de Marcelle fut trop fort. Elle s’habilla, descendit et gagna la rue Bonaparte pour tâcher d’apercevoir Nicolas. Elle aussi errait de vitrine en vitrine, avec de furtifs regards sur tous les passants. Ses stations se prolongeaient ; elle tournait autour de l’École, allait de la rue des Beaux-Arts à la rue Visconti. Et, dans le même instant, Nicolas, par d’autres rues voi-