Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/326

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pas de loup, se dirigea vers la cuisine où la vieille Brigitte préparait une pâte pour le dîner du soir.

— Brigitte, comme vous seriez gentille de me prêter vingt francs !

— Un louis ! vous n’y pensez pas, François. J’ai déjà fait des avances à votre mère. Suis-je rentière, voyons ?

— Brigitte, reprit-il, sûr de l’attendrir, je vais vous ouvrir mon cœur. J’ai une petite amie que je dois aller voir demain. On ira se promener ensemble très loin, à la campagne, et elle n’a pas de chapeau, Brigitte. C’est une petite ouvrière, pas riche du tout ; vous ne voudriez pas que j’aille la promener nu-tête, comme une fille de rien.

Brigitte soupira, puis s’informa si elle était jolie.

— Ah ! si elle est jolie, ma petite compagne de demain ! et si l’on passera une bonne journée ensemble !

La vieille femme rêva quelques minutes, puis enfin :

— Je vais vous les donner, François, mais que votre mère n’en sache rien, car, bien sûr, elle ne manquerait pas de dire que je favorise messieurs vos vices.

Quand il eut les vingt francs, il les contempla un instant, dans le creux de sa main, comme s’il les admirait. Puis, se tournant vers Brigitte :