Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/33

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Le cliquetis des casseroles annonçait le retour de Brigitte. Elle commençait à perdre la tête au milieu des apprêts du dîner ; elle exhiba les commissions : le petit garçon s’amusait des antennes de la langouste. Madame Fontœuvre demanda :

— La poularde sera-t-elle belle, Brigitte ?

— Oh ! madame, un morceau d’empereur ; oui, on peut le dire, une véritable mère poularde ; elle arrivera ici à huit heures tapant, sur deux pattes à pantalon blanc.

— C’est que, Brigitte, nous allons être onze à table.

Brigitte s’exclama :

— Onze !

Les bras lui tombèrent. Madame compta : outre monsieur Addeghem, elle avait été forcée de prier mademoiselle Angeloup, mademoiselle Darche, monsieur Nugues et encore un autre monsieur.

La cuisinière se désola. Jamais on n’aurait assez de vin, et les cinquante francs étaient épuisés. Elle en avait encore mis de sa poche.

— Pour dix ou douze francs, soupira Jenny Fontœuvre, on aurait eu un très beau pâté de foie gras…

— Que madame ne s’inquiète pas, dit Brigitte, j’en fais mon affaire, du pâté, et aussi du vin, si François se charge des cinq étages.

Après un nouvel élan de reconnaissance vers Brigitte, Jenny Fontœuvre s’en alla chercher sa mère pour lui confier le soin de la mayonnaise.