Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/344

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ôter son chapeau : elle paraissait vingt ans avec cette gravité qu’ont certaines blondes mystérieuses dont personne, hormis l’homme qu’elles aiment, ne peut rien savoir. Elle était sans coquetterie, sans parure, sans recherche, ne pensant qu’à se rendre agréable à Nicolas, à suivre son goût ; et jamais sa mise n’avait été plus simple. Quand elle fut assise dans le petit fauteuil blanc, sa place préférée, près de la fenêtre, elle l’appela :

— Nicolas ; écoute-moi bien, je voudrais faire un tableau.

Il était debout devant elle, la regardant avec respect comme un enfant fragile et sacré, ne l’encourageant à parler que par un sourire.

— Je crois que je puis y penser maintenant. J’ai vu que Seldermeyer avait été très étonné de mon étude, ce matin. Je suis désormais capable de bâtir une figure vivante, et sais-tu ? je veux peindre notre amour. Je cherche un beau symbole, palpitant, saisissant et vrai, dont tu seras fier, qui sera le monument de notre union. Aimes-tu mon idée, dis ?

Nicolas la contemplait toujours fixement, avec adoration ; il répondit seulement :

— Oui, oui, il faudra faire cela.

Et il sembla ne trouver rien d’autre ; mais il continuait de considérer Marcelle. Depuis qu’elle l’avait repris, il était ainsi devant elle, dans une sorte d’extase muette, incapable de dire son amour. Il l’aimait trop. Nul mot n’aurait suffi.