Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Tout ce que tu m’as appris de l’Art et de la Beauté, continua Marcelle, bouillonne en moi, veut se faire jour, s’exprimer dans une œuvre. Oh ! j’ai des forces, va, pour travailler ; je travaillerai pour toi, selon toi, pour devenir ton orgueil. Le jour où je te montrerai mon tableau, pensé pour toi, peint pour toi, et qui sera l’apothéose de tout ce qu’il y a entre nous, je crois que je pourrai mourir de bonheur.

Il s’agenouilla devant elle, et lui prenant les mains :

— Moi, je suis fini, je ne ferai plus rien ; mais tu es mon enfant chérie ; je revivrai en toi. Mon œuvre, c’est toi qui la feras.

— C’est-à-dire que tu es mon maître, et que, de loin, je t’imiterai.

Alors il retomba dans ses idées noires.

— Non, non ; c’est fini, je ne ferai plus rien.

Il fallut toutes les tendresses de Marcelle pour l’apaiser. L’amour devait endormir sa tristesse, mais elle n’était qu’endormie. Il laissa Marcelle partir seule et revint lire les lettres dont il ne lui avait rien dit. C’étaient des réclamations d’argent. Ne possédant rien qui ne fût à Jeanne, quand il s’était agi de solder les dépenses assez élevées de l’installation des chambres blanches, affolé, incapable de résoudre pratiquement une question d’intérêt, il s’était mis entre les mains d’un usurier. Cet homme l’avait mesuré, et sachant tout ce qu’il en pourrait tirer, commençait à