Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/351

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— Houchemagne aurait pu s’en tirer avec de la mythologie.

— Ah ! reprit le vieux marchand en branlant la tête, c’est que la mythologie aujourd’hui, on n’aime plus beaucoup cela. Monsieur Vaupalier lui-même l’a bien compris. Voyez les succès de vente qu’il obtient ; et, sans diminuer son talent, je puis affirmer qu’il les doit beaucoup au choix de ses sujets bien vivants, bien de notre époque. Et, mon Dieu, que voulez-vous, l’humanité n’est pas transcendante, elle aime à retrouver dans l’œuvre d’art ses habitudes journalières. Le public n’est jamais tant charmé que lorsqu’il reconnaît dans la statuaire, dans la peinture, sa porteuse de pain, le terrassier qui lui refait sa rue, les mineurs dont il suit les grèves dans le journal. Un exemple monsieur Fontœuvre vient de vendre ici quatorze toiles. Ne croyez pas que les amateurs soient allés aux animaux les plus élégants, à ceux qui, dans le genre, représentent la plus haute esthétique. Non. Les amateurs se sont désintéressés des bêtes du Jardin des Plantes, au profit des bêtes de la rue ou de l’abattoir les bœufs, les veaux, les chevaux ; et, pour cette portée de petits chiens qui sort d’un panier, deux acheteurs se la sont disputée comme à l’encan.

Addeghem prit alors la parole. Vaupalier et Vaugon-Denis, qui s’étaient levés en parlant, se tenaient à ses côtés comme les assesseurs d’un