Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/353

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comme rien ne l’avait fait encore, la faillite de son œuvre. Qu’avait-il à répondre ? Un artiste convaincu répond à ceux qui attaquent son idée, en leur montrant ce qu’il a produit. Allait-il exhiber sa Multiplication des Pains demeurée depuis quatre mois sur le chantier, ou son Christ dont il n’avait pas même su peindre le visage ? Alors encouragé par ce silence qui était comme un aveu de faiblesse et qui lui donnait de l’avantage, Addeghem porta des coups plus droits :

— Et puis, vous savez, si le public ne se fatigue pas, c’est vous qui vous lasserez. Oui, oui, on ne peut pas toujours planer, mon petit, Tenez, dites-moi ce que vous faites maintenant.

Nicolas souleva la tête. Comme il se serait emporté naguère contre une telle question ! Aujourd’hui rien ne lui importait, hormis Marcelle. Il répondit :

— Une scène évangélique pour le prochain. Salon…

— Et c’est tout ?

— C’est tout.

— Voyez-vous, voyez-vous ! reprit victorieusement Addeghem en se tournant vers Vaupalier.

Puis il continua :

— Avec votre tempérament, mon petit Houchemagne, ce n’est pas assez vous avez de quoi peupler un musée, et vous nous produisez quoi ? tout juste votre envoi de chaque année.

Vaupalier intervint :