Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/357

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et s’excusa d’être allé trop loin, et le vieux Vaugon-Denis, non sans un certain air d’effroi, se récria. Abandonner sa série de grandes toiles spiritualistes, le genre sur lequel il vivrait toujours, jamais il ne lui conseillerait pareille. folie ce serait déconcerter le public et se tuer ! Mais fléchir un peu, consentir quelques concessions au goût des amateurs, faire la part de la grande réputation et celle des succès de vente, voilà ce qui serait la sagesse.

— Eh bien ! dit Nicolas qui s’était ressaisi, et avait repris sa résignation morne, que voulez-vous de moi ? Commandez-moi quelque chose, monsieur Vaugon-Denis.

— Ce sacré Houchemagne ! s’écria en riant Addeghem, vous allez voir qu’il nous prépare encore une surprise. Oui, oui, je sens qu’il va nous étonner une fois de plus. Quand le critique et Vaupalier, après quelques remarques sur les animaux de Fontœuvre, eurent quitté la galerie, Nicolas, resté seul avec le vieux marchand, reprit :

— Je ne plaisante pas. J’ai besoin de vendre une toile. Que veut-il, le neurasthénique ?

— Faites-lui n’importe quelle jolie petite femme que vous intitulerez du nom de quelque saison ; cela plaît toujours.

Dès le lendemain, Nicolas se mit à l’œuvre. Une jeune fille qui avait posé autrefois pour les cheveux de sa Sainte Agnès, accourut dès l’envoi