Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

routes-là, ma fille. Mais toi, toi qui as été élevée, pourtant, dans ces principes certains, stricts, bien déterminés, qui, jusqu’à vingt ans, est restée dans ces vieux chemins de la tradition où l’on ne risque pas de se perdre, dès que tu as mis le pied sur ces sables mouvants de la vie parisienne, tu as brisé tous les liens qui t’attachaient au Passé, et je te trouve sans direction, sans une seule idée morale assurée. Oh ! je crois pouvoir certifier la pureté de ta vie à toi ; tu ne l’enliseras jamais dans cette boue. L’impulsion que tu as reçue te dirige encore malgré toi ; mais tes petits, François, Marcelle, qui te restent confiés, sur quelle base solide fondes-tu leur loi morale ? Quelles certitudes leur donnes-tu ? Que leur enseignes-tu, en un mot ?

— Le fait est, répondit Jenny Fontœuvre, devenue très triste que ce n’est guère facile d’élever des enfants. On se demande de quel droit les punir. Ils ont leur volonté eux aussi, qui vaut bien la nôtre, parfois. Et puis, je crois que je les aime trop, mes pauvres mioches.

— Je les aime trop, moi aussi, dit amèrement la grand’mère en s’essuyant les yeux.

Mais Jenny Fontœuvre ne pouvait supporter la vue de ces larmes. Elle prit de force le bras de madame Trousseline et entraîna sa mère vers l’atelier en disant que la gaieté qui régnait là-bas aurait vite fait de noyer ses inquiétudes.

En effet, quand elles entrèrent, enlacées, le