Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/373

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— Moi, fit à son tour Jenny Fontœuvre, je n’ose rien dire de Nicolas ; je sais qu’il nous stupéfiera toujours. Ainsi, qu’il produise ou qu’il se repose, bien tranquille j’attends le résultat.

Et, comme elle sentait cousine Jeanne très peinée des paroles qui avaient été prononcées, elle voulut faire une diversion et demanda le thé, que les jeunes filles servirent. Ce furent alors de petits colloques entre les invités. Tous s’occupaient de Nicolas à voix basse. Marcelle vint s’asseoir près de Jeanne ; il lui semblait ce soir l’aimer vraiment ; elle aurait voulu la remercier d’avoir ainsi parlé de Nicolas, et peut-être allait-elle le faire. Mais Hélène, à ce moment, les regarda toutes deux, et son visage exprima une si forte émotion, que Marcelle resta muette. Pour la première fois, le remords s’introduisait en elle ; et il prenait cette forme particulière : le regret déchirant d’avoir compromis la gloire de Nicolas. Toute l’humiliation que l’absent venait de subir là, quand on avait annoncé la déchéance de son œuvre, cette humiliation qui l’avait atteinte au vif de son cœur, elle en était l’unique raison. Et elle commençait à connaître une honte qui jamais encore n’avait effleuré son inconscience.

Cousine Jeanne prit congé de bonne heure, disant qu’elle n’était venue faire qu’une apparition ; à la vérité, si froissée des propos qui avaient été tenus sur Nicolas, qu’elle avait hâte de s’enfuir. Elle n’avait point refermé la porte,