Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/375

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maître : j’entre dans son atelier, moi. Une marchande de mouron ? Des sujets mondains ? Mais je les aurais vus s’ils avaient existé ! Ces histoires sont des calomnies de jaloux, tout simplement. La vérité, voulez-vous que je vous la dise ? La vérité…

Et la vérité en effet gonflait son cœur, lui montait aux lèvres, sortait d’elle-même de son âme si secrète. Elle aurait été très capable de la clamer toute, et de donner sa faute en pâture à tout ce monde, pour réhabiliter Nicolas. Elle aurait dit : « Son génie n’a pas baissé ; c’est moi qui suis venue mettre le trouble dans cette grande vie. C’est parce qu’il m’aime et qu’un repentir atroce le déchire, qu’il ne peut plus rien produire désormais. » Que lui importait que son honneur fût compromis, et qu’on la méprisât, et qu’on sût qu’elle était une fille perdue, pourvu que Nicolas gardât sa gloire ! Ce fut Addeghem qui l’arrêta en riant.

— Mais, ma petite, vous n’avez qu’à vous renseigner près de Vaugon-Denis qui vend les tableautins d’Houchemagne.

Cette phrase, Marcelle la reçut comme un soufflet. Cette fois elle ne comprenait plus. Il la trompait donc lorsque, avec un langage inspiré, avec l’amour d’un artiste passionné, il la maintenait de force dans les régions de l’Idéal ? Il parlait ainsi devant elle, puis ensuite se cachait pour peindre des banalités…