Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/384

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péché, où les parents contemplaient ces enfants en se demandant : « Quel bonheur leur avons-nous donné ? » La faute de Marcelle faisait leur supplice. Ils s’analysaient cependant, ils trouvaient leur fille libre d’aimer et ne comprenaient pas au nom de quels préceptes anciens et discutables ils condamnaient sa conduite.

Ce jour-là, Marcelle accompagna Hélène jusqu’à la pharmacie. Son cœur bouleversé avait besoin d’une confidente. Elle murmura :

— Tu sais, il est malade…

— Je t’ai défendu de me parler de lui, dit Hélène en frissonnant.

— C’est bon, admettons que je n’aie rien dit. Hélène crut que, par bouderie, Marcelle allait la quitter, mais celle-ci continua de la suivre. Au tournant de la rue, Marcelle saisit le bras de son aînée, et, en pâlissant :

— Dis, tu ne voudrais pas prier pour lui ? Il croit que la prière est une puissance. Moi, je ne le crois pas ; je ne crois à rien ; mais il souffre, et si je savais, je prierais moi-même.

— Je prierai pour lui, dit Hélène en soupirant.

Et elle sentit sur son bras la pression de la main de Marcelle. Hélène était émue et se défendait de le laisser paraître.

Quand elles se séparèrent, rien ne put retenir Marcelle de courir rue Visconti. Elle ne vit que les domestiques. Avec des airs consternés, ils lui apprirent les détails de la maladie de Nicolas ;