Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/385

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mais il se refusèrent « à déranger madame qui ne quittait pas monsieur d’une minute ». Elle se serait mise à genoux devant eux pour les supplier de la laisser monter au chevet de son amant. Elle ne pouvait se décider à abandonner le perron où on la recevait. Elle pensait : « S’il savait que je suis là, à sa porte, à implorer qu’on me parle de lui ; s’il pouvait me voir presque repoussée par ses gens, s’il lisait le désir que j’ai de l’apercevoir seulement ! »

En rentrant, elle ne retenait même pas ses larmes dans la rue. Le soir, elle put parler ouvertement de la maladie de Nicolas, Pierre Fontœuvre déclara :

— Eh ! je remarquais bien depuis plusieurs semaines qu’il filait un mauvais coton.

Alors on disserta sur le mal inconnu qui semblait miner ce vigoureux garçon. Jenny Fontœuvre parlait de son amaigrissement, des stigmates douloureux qui s’étaient imprimés sur ce beau visage que la santé, la plénitude de la vie, et la finesse rendaient naguère admirable. Chacun avouait aujourd’hui les observations qu’il avait faites sans les exprimer. Brigitte même disait que monsieur Houchemagne avait vieilli de dix ans depuis six mois. Le malheureux François, sans desserrer les lèvres, dessinait sur ses joues, d’un geste bref et sec, le masque de rides, les ravages que lui aussi avait notés chez le peintre. Hélène troublée, et songeant au secret qu’elle savait, ne