Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/388

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soins de Jeanne, malgré les médecins et les remèdes, malgré l’amoureuse inquiétude qu’il devinait autour de lui, il se sentait aussi abandonné qu’un pauvre sans famille qu’on envoie mourir seul dans un lit d’hôpital. Il eut l’impression de la solitude désolante, du comble de la misère. Et il lui semblait qu’un verre d’eau des mains de Marcelle, l’eût guéri. Jeanne, qui, les yeux fixés sur lui sans cesse, épiait un regard de douceur, mendiait un éclair de tendresse, n’obtenait rien, que la patience du malade à supporter ses recommandations. Pourtant, la troisième nuit, elle l’entendit murmurer :

— Viens, viens plus près de moi !

Elle se pencha. Il saisit sa main, la couvrit de tels baisers qu’elle défaillit presque :

— Oh ! ma chérie, ma chérie, disait-il, ne me quitte plus.

— Nicolas ! répétait-elle, anéantie par le bonheur, Nicolas !

Elle ne pouvait rien ajouter d’autre. Des larmes d’extase lui montaient aux paupières. Elle ne s’apercevait pas que le délire envahissait l’esprit de Nicolas et qu’il croyait parler à l’Autre. Comme il ne prononça pas le nom de Marcelle, la pauvre femme ne fut pas détrompée.

Pour la première fois, en se réveillant ce matin-là, Nicolas, délivré de la fièvre, sentit la mort à laquelle il n’avait pas encore pensé. Elle commençait de lui faire éprouver ses indices