Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/394

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heures de plus grande passion, sur les lèvres de Marcelle. Nicolas le comprit. Très longuement il regarda Jeanne, et il se disait que cette parfaite beauté, ce dévouement qui l’environneraient jusqu’à la dernière seconde, c’était encore beaucoup pour un misérable. Il serra ses deux mains faiblement et balbutia :

— Je te demande pardon.

— Pardon ! ah ! ne prononce pas ce mot. Je ne veux savoir qu’une chose c’est que je t’aime !

— Il y a une chose ineffaçable, accentua-t-il péniblement d’une voix éteinte, c’est que je t’ai trahie, c’est que je t’ai martyrisée ; c’est pour cela qu’on m’ôte la vie. Tout ce qui arrive est bien fait. N’essaye pas de me retenir, il faut payer ses fautes…

Mais la douleur de Jeanne, dont il était témoin, lui arracha bientôt une nouvelle exclamation de pitié :

— Ma pauvre femme !…

Puis il étendit sur le drap ses longues mains. blêmes où la sueur perlait en gouttelettes.

— Je t’offre ce qui me reste mes dernières heures. Elles sont pour toi, Jeanne.

Ses lèvres bougèrent encore ; elle ne l’entendait. plus ; elle dut se pencher jusqu’à sa bouche. Il continuait à répéter :

— Je me repens… Je me repens…

C’était la survivance glorieuse de la conscience qui restait lumineuse, alors que, l’une après