Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

résidait sur les lèvres, dans la barbe fine, aux plis des yeux clos.

Approche-toi, ma pauvre petite, approche-toi.

Et Marcelle qui était entrée ici farouche, méchante, haineuse, prête à clamer ses droits sur ce cadavre bien-aimé, prête à chasser Jeanne, à la frapper en plein cœur, s’arrêtait maintenant interdite, toute son audace perdue ; elle n’osait pas regarder Jeanne, elle n’osait même pas venir à Nicolas. Sa conscience s’éveillait. Pour la première fois, devant ce ménage funèbre que, bien avant la mort et plus que la mort, elle avait désuni, elle voyait son péché. Le mot qu’Hélène avait prononcé lui revenait en mémoire : « Il ressemblait à un homme dévoré par des soucis terribles. »

Qui l’avait amené-là ? Qui l’avait tué ? Et le sentiment de sa faute se mêlait au déchirement de son cœur. Un tremblement la secouait.

— Il t’aimait bien, ma pauvre Marcelle, reprit la voix de Jeanne ; ses derniers mots ont été pour toi… pour te donner cette toile, cette figure de Jésus, son chef-d’œuvre… Elle sera à toi. Il l’a voulu…

Les lèvres de Marcelle frémirent. Elle murmura :

— Nicolas !

Puis elle fit quelques pas ; mais n’osant pas venir auprès de Jeanne, elle contourna le lit et