Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/41

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Il était sept heures. La petite bonne des Dodelaud entr’ouvrit la porte de l’atelier sans bruit ; personne n’entendit entrer Nicolas Houchemagne. Soudain, Addeghem, qui était adossé au marbre de la cheminée, fit un grand geste :

— Le voilà ! le voilà !

On se retourna. Un homme d’environ vingt-huit ans, d’une très haute taille, la barbe en pointe courte et frisée, souriait, hésitait, n’avançait pas, cherchant à deviner, dans tout ce groupe, la maîtresse de la maison. Addeghem alla le prendre par le bras :

— Madame Fontœuvre, déclama-t-il avec emphase, et vous tous, beaux sires et dames de la palette ici assemblés, je vous présente Nicolas Houchemagne, le Léonard du vingtième siècle. Il avait dit « Léonard » sans penser, pour le plaisir d’une phrase ronflante. Maintenant, il nommait tous les convives, faisait les honneurs du logis, et il cherchait madame Trousseline ; mais silencieusement, tout à l’heure, au plein de la causerie, elle s’était éclipsée pour la mayonnaise. Jenny Fontœuvre s’empressait près du favori d’Addeghem, lui disait des choses charmantes.

— Ce cher maître nous a rendus si curieux de vous ! Il paraît que vous avez des idées si étonnantes, que l’exposition que vous préparez est si magistrale !

Lui souriait toujours, plus accablé que touché