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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/51

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enfant, dit mademoiselle Angeloup. Cette femme pêche contre la loyauté.

— À propos, dit Jenny Fontœuvre, tout en ordonnant d’un signe qu’on repassât la langouste, que devient cette pauvre Synovie ?

Et se penchant vers Nicolas Houchemagne, elle expliqua :

— Synovie, c’est Blanche Arnaud que nous appelions ainsi aux Beaux-Arts à cause de ses confidences constantes, — des épanchements, vous comprenez…

— J’aime beaucoup les portraits de mademoiselle Arnaud, fit le jeune homme ; c’est de la sensibilité saignante, si je puis dire…

— C’est qu’elle est elle-même tellement sensible ! continua Jenny Fontœuvre. Elle n’est guère heureuse. Positivement, elle meurt de faim. Elle n’a pas trouvé à se marier. Aucun homme n’aurait voulu prendre à charge cette femme si vibrante, si artiste et si pauvre. C’était cependant un cœur débordant de tendresse. Elle a connu de grandes tentations, mais elle est très puritaine ; elle a franchi victorieusement les passes difficiles. Maintenant elle vieillit ; elle a trente-huit ans…

Juliette Angeloup à son tour raconta ce qu’elle savait de neuf. Synovie avait déménagé. Elle habitait maintenant à Montmartre avec miss Spring, son amie. Elles vivaient en commun pour n’avoir qu’un atelier à payer, qu’une cuisine à faire. Et c’était pitié que ce grand diable d’atelier,