Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/52

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ouvrant sur le cimetière, avec deux lits derrière des paravents, la cuvette sur le fourneau, et ces admirables toiles au milieu d’une telle misère, les têtes mélancoliques de Blanche Arnaud, les intérieurs si recueillis, si flamands de miss Spring.

Et pour finir :

— Ah ! pauvre Synovie ! cependant, si elle avait voulu, au lieu de vieillir solitaire dans cette pauvreté !…

Personne n’en disait plus long, Tous pensaient au célèbre peintre qui l’avait aimée, qu’elle avait adoré sans qu’ils eussent même échangé un baiser.

— Sa vertu ne lui a pas porté bonheur, fit distraitement Jenny Fontœuvre.

— Mais si, reprit doucement, tranquillement Nicolas Houchemagne ; sa vertu lui a servi, puisqu’elle peint de si beaux portraits.

Madame Fontœuvre, qui buvait manqua de s’engouer tant elle rit :

— Comme vous êtes amusant, monsieur Houchemagne ! Sans avoir l’air d’y toucher, vous dites des choses…

— Mais je ne dis rien de plaisant, madame.

À ce moment, on salua d’un silence le passage de la salade et du foie gras. Cela c’était un comble.

— Ma chère, disait la vieille Angeloup, je n’oserai plus vous inviter.

Pierre Fontœuvre regardait sa femme ; il exultait et montrait ses dents blanches dans sa barbe noire. Madame Trousseline, les yeux fixés sur la