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je surprise à fouiller mes armoires, à rechercher des lettres oubliées pour les déchiffrer, à feuilleter les volumes dans la bibliothèque de son grand-père. Heureusement, voici que sa première communion approche. La pauvre chérie fait effort pour se corriger. J’ai pu l’observer un jour, en plein combat, devant un dictionnaire dont je lui avais défendu la lecture. Elle se croyait seule ; ses petites mains se portaient sur le livre avec une sorte de passion ; elle était pâle, frémissante, son corps tremblait ; mais elle fermait les yeux de toutes ses forces ; sans doute ma défense lui revenait en mémoire et les exhortations de son confesseur. Tout le désarroi d’une lutte terrible, je l’ai lu sur son pauvre visage. Enfin, elle s’est éloignée sans avoir seulement soulevé la couverture.

La jeune femme n’entendait plus, elle avait aperçu, dans le nuage des cigarettes qui envahissait de nouveau l’atelier, Houchemagne penché sur une photographie que portait un guéridon. Et, avec sa mobilité d’esprit, oubliant les réflexions de madame Trousseline, elle courut au peintre.

— Hein ! vous êtes en admiration ? N’est-ce pas, monsieur, qu’elle est jolie, ma cousine ?

Houchemagne prit le carton, l’examina de plus près, s’absorba une minute dans sa contemplation, puis :

— Oui, elle est très belle.

La photographie représentait un profil de