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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/68

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— Oh ! ce n’est pas un plagiat, une simple réminiscence.

Et il lui fit recommencer le dessin du cou qui n’était pas dans le mouvement.

Au déjeuner, l’excitation de la petite Fontœuvre était tombée ; elle ne parlait plus, elle paraissait soucieuse. Les enfants se disputaient. François taquinait sa sœur et ne cessait de répéter :

— Elle a cassé la patte de Minette ; elle a cassé la patte de Minette ; elle a cas…

— Veux-tu te taire, François, criait le père impatienté.

Et il causait d’art avec Jeanne de Cléden.

Jenny les quitta au dessert, retourna à l’atelier, fit une moue boudeuse en revoyant sa toile, qui lui parut banale, dénuée d’intérêt. Comment s’être sottement emballée sur une idée aussi commune !

Et elle restait là, prostrée, devant ce panneau qu’elle avait envie de faire flamber.

À deux heures, les deux jeunes femmes s’habillèrent pour aller rue Laffitte. La petite Fontœuvre mit son tailleur noir, acheté en confection ; Jeanne de Cléden avait une longue pelisse de fourrure décolletée, et une toque étroite qui ne voilait rien de son pur visage. Cette fourrure luisante, sur ses cheveux dorés, donnait même un effet de splendeur.

— Si ce vieux paillard d’Addeghem est là, dit Fontœuvre à sa femme, ta cousine va lui faire perdre la tête.