Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/73

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des membres de l’Institut, des chefs d’atelier aux Beaux-Arts : Brabançon, Seldermeyer ; des figures correctes à chapeau haut de forme, des têtes hirsutes coiffées de feutre mou ; Vaupalier, chétif et mal portant, escorté de sa jeune femme ; Juliette Angeloup, énorme dans son pardessus d’astrakan, puis Nelly Darche, Nugues, et enfin deux personnes pauvrement vêtues auxquelles la petite Fontœuvre vint serrer la main et qui étaient Blanche Arnaud, dite Synovie, accompagnée de miss Spring. Le murmure bruyant qui s’était engouffré dans la galerie, s’arrêta net. Tout le monde recevait, à l’aspect de ces toiles, le choc de l’inattendu, Beaucoup étaient trop déroutés pour comprendre. Addeghem lui-même se taisait devant l’Ange. La grande Darche ajustait son lorgnon avec une moue en se penchant sur les nus de la cimaise. Seldermeyer, avec sa barbiche blanche, campé au pied du Sphinx, ressemblait à un ancien officier de cavalerie. Puis, peu à peu des discussions s’élevèrent parmi les peintres. La plupart ne savaient quelle opinion se faire. Si Houchemagne était un novateur, pourquoi peignait-il comme les classiques ? Et si c’était un classique, pourquoi ses toiles vous suffoquaient-elles quand on n’était pas averti ? Bientôt, il y eut un tapage assourdissant. Et ce fut à ce moment qu’un vieux monsieur, nu-tête et en pantoufles, vint dire quelques mots tout bas à l’oreille d’Addeghem. C’était Vaugon-Denis, le