Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gothique, devant les lignes souples et douces que les collines dessinent à l’horizon en ce pays, que les vapeurs de la Seine voilent sans cesse d’une atmosphère bleue, subtile et tendre. Dans cette province, quelle pure race française ! s’écriait Addeghem. Les Provençaux et les Flamands, les Bretons et les Lorrains, les Gascons et les Normands sont tous plus ou moins, des adoptifs ; ils composent bien, à force de bonne volonté, un tout national, harmonieux, homogène ; mais ceux de l’Île-de-France, qui sont demeurés à la maison de famille depuis quinze siècles, ils sont l’essence. même du pays, il lui donnent son sang, son esprit, le rythme de sa vie. Ils sont les maîtres et les gardiens de son génie, et c’était d’eux que devait sortir le régénérateur de la conception artistique.

Et Addeghem, vraiment exalté et soutenu par son sujet, contait l’enfance de Nicolas, ses rêveries devant les vitraux peints de sa vieille église, sa venue à Paris chez un ornemaniste, l’éducation qu’il s’était donnée, son étude des légendes chrétiennes, ses premières toiles essayées sous la direction d’un patron qui n’était qu’un artisan ; ses théories sur l’hiératisme de l’Art et la nécessité de la noblesse dans l’inspiration.

Jeanne, la main tremblante, fiévreuse et nerveuse, tournait une page quand sa cousine s’approcha, lui disant :

Viens-tu ? Addeghem nous entraîne au cabi-