Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/76

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net de Vaugon-Denis où, paraît-il, ce pauvre Houchemagne est plongé dans un morne désespoir. Il s’agit de lui faire une ovation pour le remettre en selle. Tout le monde y va. Accompagne-nous, ce sera très amusant.

La jeune fille se leva, haletante de ce qu’elle venait de lire. Jenny Fontœuvre prit Marcelle par la main, Elles pénétrèrent en même temps qu’Addeghem dans la petite pièce où Nicolas Houchemagne, les deux coudes sur le bureau et la tête entre ses mains, roulait ses pensées amères. Il sursauta au bruit de cette invasion, car tout le monde entrait en bavardant, et déjà le critique commençait à discourir et la première vision. qu’eut Nicolas fut le délicieux visage de Jeanne, avec l’or de ses bandeaux à la Vierge sous l’étroite toque noire, et sa somptueuse fourrure de jeune fille riche. Il crut l’avoir déjà rencontrée et la regarda une seconde. Aussitôt le cabinet fut plein ; et l’on criait, on gesticulait, on se bousculait, on manœuvrait pour se rapprocher du peintre ; c’était curiosité, sympathie, enthousiasme : sentiments divers et bien compréhensibles d’un public d’élite, où chacun croyait pour son compte qu’il venait d’inventer un génie. C’était à qui serrerait la main d’Houchemagne. Et lui, qui passait, sans transition, du découragement le plus douloureux à l’apothéose la plus fervente, s’était levé tout pâle, ne savait que répondre, se laissait faire en souriant. Addeghem l’embrassa ; Seldermeyer lui