Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/78

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Arnaud était, elle, une forte personne aux beaux bras qu’un collet de velours, datant de dix ans, dissimulait. Elle avait des larmes aux paupières.

— Ah ! monsieur, dit-elle, comme vous m’avez émue !

Jenny Fontœuvre glissa au peintre :

— C’est Blanche Arnaud et miss Spring.

Alors, il parut ravi. Comment ! c’étaient ces deux créatures fagotées dont les œuvres avaient tant de grâce ! Et il les retint ; il dit à l’une combien il aimait ses portraits, à l’autre, le recueillement de ses petits tableaux d’intérieur. Et pendant qu’il comblait de politesses ces deux vaincues de la lutte pour l’art, il se sentait observé par l’élégante jeune fille qui, seule, ne lui avait encore rien dit…

— Vous ne savez pas, vint conter l’expansive Blanche Arnaud à Jenny Fontœuvre, monsieur Houchemagne demande à venir chez nous ; il voudrait voir notre atelier. Croyez-vous, hein ! croyez-vous ! C’est la rançon de toute la vieille déveine !

La vérité, c’est qu’Houchemagne cherchait à fuir la manifestation qui l’avait plus surpris que grisé, et que ce biais lui avait paru expéditif : partir traîtreusement avec « l’entente cordiale », comme on appelait l’association de l’Anglaise et de la Française ; au besoin, emmener les Fontœuvre, et laisser la foule retourner béate à la galerie. Jenny Fontœuvre trouva la combinaison