Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/88

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Un des jours qui suivit, Jenny Fontœuvre monta la rue de Vaugirard jusqu’à l’adresse d’Houchemagne. Elle le trouva chez lui ; il la reçut dans une petite salle qui n’était pas son atelier, et parut bien surpris de sa visite ; elle-même en était fort embarrassée et répétait :

Ah ! si vous saviez pourquoi je viens ! si vous saviez pourquoi je viens !

Les longs yeux bridés d’Houchemagne s’ouvraient de curiosité ; et elle tardait à parler ; elle contemplait avec une certaine considération l’objet d’un amour si rare. À la vérité, Addeghem avait dit assez juste quand il apparentait le physique du peintre au François Ier du Titien. Houchemagne en avait le sourire intellectuel et presque philosophique allant se perdre dans la barbe brune, et aussi l’allongement spirituel du nez. À l’étudier ainsi, elle gagnait du temps. Il finit par demander s’il pouvait être en quelque manière agréable à madame Fontœuvre ; et c’est alors qu’elle se décida et avoua ses intentions matrimoniales. Voilà, elle en revenait à ce projet exposé naguère en plaisanterie. Il devrait épouser mademoiselle de Cléden. C’était très sérieux aujourd’hui.

Il se mit à rire ; il se défendit. D’abord, il ne voulait pas entendre parler de mariage. Puis, surtout mademoiselle de Cléden ne voudrait pas entendre parler de lui.

— Ah ! vous croyez cela ? insinua la petite Fontœuvre, énigmatique.