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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/90

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gardé par lui de toute faiblesse, des plus ordinaires penchants, Houchemagne entrevit la possession totale de cette suave et parfaite beauté. Il en pourrait connaître la continuelle présence, le constant enivrement. Et cette divine inspiratrice serait sa femme, sa femme à lui, docile, dévouée à son œuvre, sa compagne !

Ce fut alors seulement qu’il objecta presque douloureusement :

— Je ne peux pas me laisser toucher. Songez qu’avec la peinture à laquelle j’ai consacré ma vie, je ne gagne pas trois mille francs par an, et que je vis comme un cénobite. Et vous m’avez averti que cette jeune fille avait de la fortune. Au surplus, je veux que mon père soit toujours chez lui, chez moi ; or, c’est un brave homme de vigneron qui vient à Paris en gros souliers et de la terre aux mains. Comment voulez-vous, comment voulez-vous ?…

La petite Fontœuvre ne laissa pas échapper l’accent de regret qui était dans ces mots ; elle répliqua aussitôt :

— Venez dîner ce soir. Elle ignore ma visite. Vous causerez librement.

La porte de l’atelier était restée close, mystérieusement. La jeune femme partit sans l’avoir visité, quelque désir qu’elle en eût.

Houchemagne arriva le soir à sept heures, chez les Fontœuvre ; et il eut une commotion quand il aperçut, dans la blancheur du vitrage